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Chapitre 0,

 Un paysage ordonné

Un de ces beaux jours de juin en Champagne, la vigne y déploie ses lianes. Offrant ainsi aux coteaux une robe de jade. Un grand soleil rayonne, dardant ses généreux rayons vers ces collines fertiles, couvertes en lignes. Un ciel bleu comme une mer infinie, où flottent quelques nuages aux formes variées ; suggérant un chien à deux têtes, un cheval ailé et un dragon crachant feu et fumée. Ces nuages glissent lentement, nous invitant au rêve. Le temps semble s’arrêter. Il fait bon…

Mais qui trouble notre rêverie? D’où vient ce bruit de gravillon qui résonne depuis les tréfonds? Comme une cascade de cailloux éclaboussant nos oreilles de cliquetis tintant et retentissant. Descendons voir ce qui se passe sous nos petons. Remontons le fil fragile de ce son. Et pénétrons sous ce tapis végétal, pour découvrir cet épais manteau de craie comme une douillette fourrure d’hermine.

Nous traversons la fine couche de terre végétale, royaume des Lumbricana dont sont issus les vers de terre. Un mètre plus bas, en entrant dans ce monde minéral, le son devient de plus en plus clair. Il vient bien des tréfonds… Descendons encore… Moins dix mètres, à cette profondeur tout n’est que roches et pierres, nous quittons les dernières traces de végétaux. Il fait noir. Nos yeux s’habituent progressivement à l’obscurité. Les racines deviennent des filaments de plus en plus fins, pour finir par disparaître… Nous descendons toujours…Encore, moins vingt mètres… Le son est là, à portée d’oreille, un petit effort et nous y sommes… moins trente mètres… Ca y est, nous touchons au but. Au détour d’un fossile enroulé sur lui-même, c’est une ammonite, nous découvrons une assemblée d’êtres microscopiques. Ils sont si petits, si riquiquis que l’œil humain ne peut les percevoir. Le son provient de cette réunion.  Ce n’est pas un bruit de gravillon mais le son d’une conversation. Un vieil homme est assis au centre d’un groupe d’enfants. Il raconte une histoire. C’est le vieux Sparite qui captive les minots par des récits d’aventures tous plus extraordinaires les uns que les autres. Les petits en restent bouche bée. Il faut dire qu’il a bourlingué le vieux Sparite. Et question aventure, il en connaît un rayon. Certains disent qu’il aurait cinq mille ans, d’autres prétendent qu’il aurait même plus de dix mille ans. Autant d’années d’aventures ça en fait des histoires à raconter. Et il les raconte bien les histoires le vieux Sparite. C’est d’ailleurs devenu une tradition, chaque soir après l’école, les petits Biomicrites se précipitent au pied de l’ammonite écouter une histoire ou deux du vieux Sparite.

 

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