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Chapitre 6

L’envol de la vendange

 

    A travers la paroi du grain de raisin blanc où ils s’étaient échoués, Sparite et Fred avaient une vue panoramique sur un monde complètement nouveau. Pendant des semaines, ils avaient senti le grain de raisin grossir et se remplir toujours plus de jus sucré. Le grain était si gros que sa peau était toute tendue. Elle était devenue transparente. Nos amis avaient désormais un poste d’observation idéal de ce nouveau monde. C’était le monde des géants que de nombreux récits leurs avaient contés. Des tas d’histoires et de légendes courent sur le monde de géants chez les Biomicrites. Cette grappe de chardonnay, où étaient nos amis étaient comme un balcon sur notre monde. Derrière ce dôme, ils découvraient tout un univers.

Tout ceci était donc vrai, il existe à côté du monde des Biomicrites un autre monde tout aussi vaste. Ce monde est peuplé de géants. Ce n’était pas des histoires pour coucher les enfants, les géants existaient. Ceux que l’on nommait les humains étaient bels et bien là. Ils évoluaient devant les yeux éberlués de Sparite et de Fred. C’était immense, tout était grandiose. Des êtres d’une taille exceptionnelle, mille fois plus grand que le plus grand des Biomicrites. Sparite se disait que sa tribu ne croira jamais ce qu’il engrangeait comme souvenirs.

Il faut dire qu’il y avait de l’agitation dans les vignes en cette saison. Des humains on en voyait plein les coteaux. Ils couraient en tout sens, tous pressés. C’était la fin de l’été et déjà les matins annonçaient le début de l’automne. Le soleil commençait à peiner pour réchauffer le sol. Nous étions en septembre et les hommes s’affairaient dans les vignes car c’était la vendange. Période de l’année, où les grappes de raisin parvenues à maturité sont cueillies afin que les hommes puissent extraire le jus sucré qu’elles contiennent.

Sparite et Fred, ils étaient comme dans un jacuzzi géant, baignant dans un jus délicieusement sucré. Mais tout cela sonnait la fin des vacances. Les trois mois de répit étaient finis. Soudain une main experte se porta près d’eux. Elle semblait démesurée. Elle enserrait un objet tranchant aux lames affûtées et brillantes. Un coup de sécateur net et précis sépara la grappe de chardonnay du reste du pied de vigne. La grappe alla rejoindre d’autres grappes dans un panier tressé. Il y en avait déjà là une douzaine. Puis le panier fût versé à son tour dans une caisse rectangulaire.

Cette caisse et d’autres furent portées sur une remorque tirée par un bruyant tracteur. Toutes ses caisses allèrent rejoindre le vendangeoir dans un bruit de pétarade. Ces tâches successives s’enchainaient de façon bien ordonnée. C’était net et précis, chacun savait ce qu’il avait à faire. Et la rapidité des gestes n’enlevait rien à leur précision. Les caisses que transportait le tracteur furent déchargées sur le quai. Elles furent tout d’abord pesées, puis stationnées avec d’autre à un bout du quai. Deux gros bras balaises s’en saisirent. Et les grappes de raisin se trouvèrent précipitées dans une immense bouche carrée, ou elles disparaissaient dans le noir des plus profonds. Sparite et Fred pensèrent un peu trop vite pouvoir regagner les entrailles de la terre. Mais c’est les entrailles d’un gros pressoir qu’ils gagnèrent. Toutes ses grappes rejoignaient le pressoir, où l’obscurité et le silence régnaient. Même si il faisait noir, on sentait que l’endroit était vaste. Cela tranchait avec l’agitation et le brouhaha de la surface. Sparite et Fred se serrèrent l’un contre l’autre, se demandant ce qu’ils allaient encore leur arriver comme aventure.

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