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Chapitre 7

La magie de l’effervescence

    

     Ce silence oppressant n’annonçait rien de bon. Les secondes semblaient durer des heures. Soudain, un bruit sourd remplit cette cuve d’un vacarme très vite devenu assourdissant. C’était le mécanisme du pressoir qui se mettait en route. Ce pressoir permet de séparer le jus des grappes. En faisant éclater la paroi des grains de raisin on extrait le jus de raisin qui donnera notre futur champagne. Sparite et Fred se trouvaient de plus en plus pressés, comprimés et compressés dans une obscurité totale, tout autour d‘eux éclatait sous la pression. Ils étaient collès l’un contre l’autre. Ils avaient mal aux oreilles du fait de la pression. Les grains de raisin éclataient les uns après les autres. Ils libéraient alors leur jus précieux, en flots bouillonnants. Ce fût le tour de leur grain de raisin d’éclater et de libérer nos amis de cette sphère translucide. Le jus s’engouffra rapidement dans un dédale de canalisations, transportant Sparite et Fred, de tuyaux en tuyaux, de cuves en cuves à travers les processus d’élaboration du champagne. C’était de nouveau l’aventure comme lors de la montée dans le pied de vigne. Mais cette fois, c’était un immense toboggan qui les fit arriver dans une cuve pleine de jus. Il y faisait très chaud. Sparite et Fred découvrirent alors comment naissent les fées d’effervescence. En effet, des petits êtres ronds et rigolards, nommés des Levuriens étaient présents en très grand nombre dans cette cuve. Ils ne cessaient de s’agiter et de travailler. Ils s’éclatent en travaillant. Tant qu’il y a du travail, ils le font. C’est eux qui font monter la température dans la cuve à force de s’agiter en tout sens. Ils sont de la famille des levures.

Les levures existent à l’état naturel sur la peau du raisin par exemple. Les Levuriens colonisent beaucoup de produits que les humains affectionnent, comme le pain, le fromage… L’homme a su tirer parti du talent des Levuriens à travailler sans cesse et à transformer les matières en d’autres matières. L’homme aide les Levuriens à coloniser les matières qu’il veut transformer. C’est le cas du jus de raisin. Quand l’homme désire le transformer en alcool ; il implante une colonie de Levuriens au milieu de sa cuve. Et hop, aussitôt les Levuriens se mettent au travail. Ici, ils transforment progressivement les cristaux de sucre contenus dans le jus de raisin en alcool, dégageant des rots et des pets à ne plus en finir. C’est eux qui produisent ce miracle, celui de faire naître les fées d’effervescence.

Les Levuriens sont rigolos car ils sont perpétuellement pompettes. L’alcool à pour effet de faire perdre tout sens commun en leur faisant tourner la tête. Du coup c’est un vrai concert de klaxons, ils pêtent, ils rotent à longueur de temps dans la plus grande hilarité. Ils ne sont pas très élégants…

Ils portent des vêtements tout tâchés et ont une haleine de poney car se brosser les dents est leur dernière préoccupation. A vraiment, les Levuriens ne sont pas les rois de l’élégance mais ce sont de gros travailleurs et toujours dans la bonne humeur. Transformant le sucre en alcool tant qu’il y en a et sans relâche, pour le plus grand bonheur des vignerons. Quand une bonne partie du sucre fût transformé en alcool, la cuve fût vidée. Tout le contenu de la cuve fût réparti dans des bouteilles. Sparite et Fred furent projetés avec les Levuriens dans une bouteille qui fût fermée d’un gros bouchon de liège. C’était une grosse bouteille verte aux parois épaisses et translucides. Ils en étaient prisonniers. C’est dans une bouteille identique que nos amis avaient découverts leurs premières fées d’effervescences. Il était impossible de faire marche arrière à présent. Cette bouteille allait les héberger pour un bon moment présentaient-ils…

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