Accueil
Remonter

 

 

 

 

 

 

 

Chapitre 2

Une autre vie

 

    Les Biomicrites sont si petits qu’ils n’ont pas conscience de l’homme. Il est pour eux bien plus grand que le plus grand des géants. Et réciproquement, l’homme n’a pas conscience des Biomicrites, car ils sont beaucoup trop petits.  C’est comme si deux mondes vivaient en parallèle l’un de l’autre sans  jamais se croiser. Tout les oppose : la taille, le temps et l’espace. Les Biomicrites vivent sous terre. Et l’homme vit sur terre. L’homme vit rarement plus de cent ans. Les Biomicrites à l’âge de cent ans ne sont encore que des enfants.

Peu d’être humains, comme toi, ont conscience de l’existence des Biomicrites ; ils sont si discrets. Nés des profondeurs, il leur est interdit tout contact avec la surface, sous peine d’être pétrifiés. C’est une règle essentielle du peuple Biomicrite, transmise de génération en génération et cela depuis des millions d’années : «Article 1er -Tu ne chercheras pas à rejoindre la surface de la terre. Car l’absence d’eau te pétrifiera». Cela ressemble à un jeu d’1, 2, 3 Soleil, mais fatal. Si tu es pris par le manque d’eau, tu passes ton tour jusqu’à ce qu’une goutte d’eau salvatrice vienne te rendre ta liberté de mouvement. Sans eau, le Biomicrite devient une statue de pierre.

Depuis des millénaires aucun Biomicrite n’a jamais osé défier cette terrible règle. Les Biomicrites vivent dans la craie pour toujours et uniquement dans la craie. Des jeunes aventuriers inconscients, qui décidèrent d’enfreindre cette règle, aucun ne revint jamais. Enfin, ce n’est pas tout à fait exact : un Biomicrite revint de la surface un jour. Un seul. Cela arriva il y a deux cent ans. Juste un, de mémoire de Biomicrite… Ce fait d’arme mémorable lui apporta le respect de toute la tribu. Cet aventurier était Sparite ! Hé oui, Ce vieux monsieur qui conte aujourd’hui des histoires aux enfants, avait été un fringant jeune homme. Il y a fort, fort, longtemps de cela. Et il défia les enseignements de son peuple, pour tenter l’aventure vers des mondes jusque là inconnus. Il était allé voir le monde de la surface, le monde des hommes.

Sparite était un aventurier, et personne n’y pouvait rien. C’était dans sa nature. Il fallait toujours qu’il aille voir ce qu’il y a avait derrière la colline. Il ne tenait pas en place. Il voulait quitter sa vie de nomade, dans ce paysage fait que de noir et d’une infinité de blanc. Il rêvait d’autre chose,  il voulait sans le savoir vraiment, de la couleur dans sa vie monochrome. Il rêvait de rouge, de bleu, de vert. Il rêvait en couleur et en caléidoscope. Il souhaitait plus de diversité, il voulait que ça bouge, il désirait autre chose que son existence quotidienne… Il ne le savait pas encore mais un jour l’une de ses balades allait le conduire à faire une découverte qui chamboula toute sa vie, à jamais…

 

 

chapitre suivant